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des cachalots.

Son organisation intérieure, un peu différente de celle de la baleine, lui impose d’ailleurs le besoin d’une nourriture plus substantielle, que des légions d’animaux assez grands peuvent seules lui fournir. Aussi ne règne-t-il pas sur les ondes en vainqueur pacifique, comme la baleine ; il y exerce un empire redouté : il ne se contente pas de repousser l’ennemi qui l’attaque, de briser l’obstacle qui l’arrête, d’immoler l’audacieux qui le blesse ; il cherche sa proie, il poursuit ses victimes, il provoque au combat ; et s’il n’est pas aussi avide de sang et de carnage que plusieurs animaux féroces, s’il n’est pas le tigre de la mer, du moins n’est-il pas l’éléphant de l’océan.

Sa tête est une des plus volumineuses, si elle n’est pas la plus grande de toutes celles que l’on connoît. Sa longueur surpasse presque toujours le tiers de la longueur totale du cétacée. Elle paroît comme une grosse masse tronquée par-devant, presque cubique, et terminée par conséquent à l’extrémité du museau par une surface très-étendue, presque carrée, et presque verticale. C’est dans la surface inférieure de ce cube immense, mais imparfait, que l’on voit l’ouverture de la bouche, étroite, longue, un peu plus reculée que le bout du museau, et fermée à la volonté du cachalot par la mâchoire d’en-bas, comme par un vaste couvercle renversé.

Cette mâchoire d’en-bas est donc évidemment plus courte que celle d’en-haut. Nous avons dans le Muséum