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des cétacées.

même association, n’accroît-elle pas beaucoup aussi celles qui concourent au développement de la sensibilité, de l’instinct et de l’intelligence ?

La vivacité de cette sensibilité et de cette intelligence est d’ailleurs prouvée par la force de l’odorat des cétacées. Les quadrupèdes qui montrent le plus d’instinct, et qui éprouvent l’attachement le plus vif et le plus durable, sont en effet ceux qui ont un odorat exquis, tels que le chien et l’éléphant. Or, les cétacées reconnoissent de très-loin et distinguent avec netteté les diverses impressions des substances odorantes ; et si l’on ne voit pas dans ces animaux des narines entièrement analogues à celles de la plupart des quadrupèdes, d’habiles anatomistes, et particulièrement Hunter et Albert, ont découvert ou reconnu dans les baleines un labyrinthe de feuillets osseux, auquel aboutit le nerf olfactif, et qui ressemble à celui qu’on trouve dans les narines des quadrupèdes.

Nous exposerons dans divers articles de cette Histoire, et notamment en traitant de la baleine franche, comment les cétacées ont reçu l’organe de la vue le mieux adapté au fluide aqueux et salé, et à l’atmosphère humide, brumeuse et épaisse, au travers desquels ils doivent appercevoir les objets ; et ils peuvent l’exercer d’autant plus, et par conséquent le rendre successivement sensible à un degré d’autant plus remarquable, qu’en élevant leur tête au-dessus de l’eau, ils peuvent la placer de manière à étendre sur une calotte