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histoire naturelle

bandes. Rapprochés les uns des autres, lorsqu’ils forment une sorte de légion au milieu du vaste océan, ils ne nagent alors qu’avec lenteur, ainsi que nous l’avons déjà dit. On s’approche avec précaution de leurs longues files. Ils serrent leurs rangs et se pressent tellement, que les défenses de plusieurs de ces cétacées portent sur le dos de ceux qui les précèdent. Embarrassés les uns par les autres, au point d’avoir les mouvemens de leurs nageoires presque entièrement suspendus, ils ne peuvent ni se retourner, ni avancer, ni échapper, ni combattre, ni plonger qu’avec peine ; et les plus voisins des chaloupes périssent sans défense sous les coups des pêcheurs.

Au reste, on retire des narwals une huile qu’on a préférée à celle de la baleine franche. Les Groenlandois aiment beaucoup la chair de ces cétacées, qu’ils font sécher en l’exposant à la fumée. Ils regardent les intestins de ces animaux comme un mets délicieux. Les tendons du narwal leur servent à faire de petites cordes très-fortes ; et l’on a écrit que de plus ils retiroient de son gosier plusieurs vessies utiles pour la pêche[1] ; ce qui pourroit faire croire que ce cétacée a sous la gorge, comme la baleinoptère museau-pointu, le rorqual et la jubarte, une grande poche très-souple, un grand réservoir d’air, une large vessie natatoire, quoiqu’aucun pli de la peau n’annonce l’existence de cet organe.

  1. Voyez le Traité des pêches de Duhamel.