Page:Lacépède - Histoire naturelle des cétacées (1804).djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
des narwals.

Quoi qu’il en soit, quelle arme qu’une défense très-dure, très-pointue, et de cinq mètres de longueur ! quelles blessures ne doit-elle pas faire, lorsqu’elle est mise en mouvement par un narwal irrité !

Ce cétacée nage en effet avec une si grande vîtesse, que le plus souvent il échappe à toute poursuite ; et voilà pourquoi il est si rare de prendre un individu de cette espèce, quoiqu’elle soit assez nombreuse. Cette rapidité extraordinaire n’a pas été toujours reconnue, puisqu’Albert, et d’autres auteurs de son temps ou plus anciens, ont au contraire fait une mention expresse de la lenteur qu’on attribuoit au narwal. On la retrouve néanmoins non seulement dans la fuite de ce cétacée, mais encore dans ses mouvemens particuliers et dans ses diverses évolutions ; et quoique ses nageoires pectorales soient courtes et étroites, il s’en sert avec tant d’agilité, qu’il se tourne et retourne avec une célérité surprenante. Il n’est qu’un petit nombre de circonstances où les narwals n’usent pas de cette faculté remarquable. On ne les voit ordinairement s’avancer avec un peu de lenteur, que lorsqu’ils forment vue grande troupe ; dans presque tous les autres momens, leur vélocité est d’autant plus effrayante, qu’elle anime une grande masse. Ils ont depuis quatorze jusqu’à vingt mètres de longueur, et une épaisseur de plus de quatre mètres dans l’endroit le plus gros de leur corps : aussi a-t-on écrit depuis long-temps qu’ils pouvoient se précipiter, par exemple, contre une chaloupe, l’écarter,