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des narwals.

D’après ces faits, et indépendamment d’autres raisons, on n’a pas besoin de réfuter les idées des premiers pêcheurs, qui ont cru que la femelle du narwal étoit privée de défenses, comme la biche est privée de cornes, et qui, par je ne sais quelle suite de conséquences, ont pensé que le cétacée nommé marsouin étoit la femelle du narwal vulgaire.

Anderson assure, d’après un témoin oculaire, pêcheur expérimenté et observateur instruit, qu’on avoit pris un narwal femelle dans le ventre de laquelle on avoit trouvé un fœtus qui ne présentoit aucun commencement de dent. Nous ignorons à quel âge paroissent les défenses ; mais il nous semble que l’on doit croire, avec le professeur Gmelin et d’autres habiles naturalistes, que les narwals ont deux dents pendant leur première jeunesse.

Notre illustre confrère Blumenbach, de la société des sciences de Gottingue, etc. a eu occasion de voir un jeune narwal dont la défense gauche excédoit déjà la lèvre, d’un tiers de mètre ou environ, et dont la défense droite étoit encore cachée dans son alvéole[1].

Si les cétacées de l’espèce que nous décrivons n’ont qu’une défense lorsqu’ils sont devenus adultes, c’est parce que des chocs violens ou d’autres causes accidentelles, comme les efforts qu’ils font pour casser

  1. Abbildungen naturhistorischer gegenstande, … von J. Fr. Blumembach ; Gottingen, n. 44.