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histoire naturelle.

génie, par les formes colossales qu’elle montre, la puissance qu’elle annonce, les phénomènes qu’elle indique ou rappelle ; elle excite la curiosité, elle fait naître une sorte d’inquiétude, elle touche le cœur, en entraînant l’attention vers les contrées lointaines, vers les montagnes de glace flottante, vers les tempêtes épouvantables qui soumettent d’infortunés navigateurs à tous les maux de l’absence, à toutes les horreurs des frimas, à tous les dangers de la mer en courroux ; elle agit enfin sur l’imagination, lui plaît, l’anime et l’étonne, en réveillant toutes les idées attachées à cet être fantastique et merveilleux que les anciens ont nommé licorne, ou plutôt en retraçant cet être admirable et réel, ce premier des quadrupèdes, ce dominateur redoutable et paisible des rivages et des forêts humides de la zone torride, cet éléphant si remarquable par sa forme, ses dimensions, ses organes, ses armes, sa force, son industrie et son instinct.

Le narwal est, à beaucoup d’égards, l’éléphant de la mer. Parmi tous les animaux que nous connoissons, eux seuls ont reçu ces dents si longues, si dures, si

    Monodon narhwal. Bonnaterre, planches de l’Encyclopédie méthodique.
    id. Édition de Block, publiée par R. R. Castel.
    Oth. Fabric. Faun. Groenland. 29.
    Unicornu marinum. Mus. Wormi. p. 282-283.
    Raj. Pisc. p. 11.
    Licorne de mer. Vulmont-Bomare, Dictionnaire d’histoire naturelle.
    Narhwal. id. ibid.
    Klein, Miss. Pisc. 2, p. 18, tab. 2, fig. c.