Page:Lacépède - Histoire naturelle des cétacées (1804).djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
des baleinoptères.

poissons et les cétacées. On doit le considérer comme une sorte de vessie natatoire, qui donne une grande légèreté à la baleinoptère, et particulièrement à sa partie antérieure, que les os et la grosseur de la tête rendent plus pesante que les autres portions de l’animal.

Peut-être cependant cet organe a-t-il quelque autre usage : car on a écrit qu’on avoit trouvé des poissons dans le réservoir à air des cétacées ; ce qui ne devroit s’entendre que de la poche gutturale de la baleinoptère museau-pointu, du rorqual, de la jubarte, etc.

Au reste, la place et la nature de cet organe peuvent servir à expliquer le phénomène rapporté par Hunter, lorsque cet habile anatomiste dit que dans un individu de l’espèce que nous examinons, pris sur le Dogger-banck, et long de près de six mètres, les mâchoires se tuméfièrent par un accident dont on ignoroit la cause, au point que la tête, devenue plus légère qu’un pareil volume d’eau, ne pouvoit plus s’enfoncer.

Cette supériorité de légèreté que la baleinoptère museau-pointu peut donner à sa tête, rend raison en partie de la vîtesse avec laquelle elle nage. On a observé en effet qu’elle voguoit avec une rapidité extraordinaire. Elle poursuit avec tant de célérité les salmones arctiques et les autres poissons dont elle se nourrit, que, pressés par ce cétacée, et leur fuite n’étant pas assez prompte pour les dérober au colosse dont la gueule s’ouvre pour les engloutir, ils sautent et