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des baleinoptères.

Elles ne voulurent jamais se quitter ; et quand l’une fut tuée, l’autre s’étendit sur elle et poussa des gémissemens terribles et lamentables.

Ceux qui auront lu l’histoire de la jubarte, ne seront donc pas étonnés que les Islandois ne la harponnent presque jamais : ils la regardent comme l’amie de l’homme ; et mêlant avec leurs idées superstitieuses les inspirations du sentiment et les résultats de l’observation, ils se sont persuadés que la divinité l’a créée pour défendre leurs frêles embarcations contre les cétacées féroces et dangereux. Ils se plaisent à raconter que lorsque leurs bateaux sont entourés de ces animaux énormes et carnassiers, la jubarte s’approche d’eux au point qu’on peut la toucher, s’élance sous leurs rames, passe sous la quille de leurs bâtimens, et, bien loin de leur nuire, cherche à éloigner les cétacées ennemis, et les accompagne jusqu’au moment où, arrivés près du rivage, ils sont à l’abri de tout danger[1].

Au reste, la jubarte doit souvent redouter le physétère microps.

Elle se nourrit non seulement du testacée nommé planorbe boréal, mais encore de l’ammodyte appât, du salmone arctique, et de plusieurs autres poissons.

  1. Voyage en Islande, par M. Olafsen, et M. Povelsen, premier médecin, etc. traduit par M. Gauthier de la Peyronie ; tome III, page 233.