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xiv
vue générale

cette mer universelle un peu éloignées de la surface de l’eau et par conséquent de l’atmosphère. Les couches voisines de cette surface marine, sur laquelle repose, pour ainsi dire, l’atmosphère aérienne, sont, à la vérité, soumises à un froid très-âpre, et endurcies par la congélation dans les cercles polaires et aux environs de ces cercles arctique ou antarctique : mais même au-dessous de ces vastes calottes gelées et des montagnes de glace qui s’y pressent, s’y entassent, s’y consolident, et accroissent le froid dont elles sont l’ouvrage, les cétacées trouvent dans les profondeurs de la mer un asyle d’autant plus tempéré, que, suivant les remarques d’un physicien aussi éclairé qu’intrépide voyageur, l’eau de l’océan est plus froide de deux, trois ou quatre degrés, sur tous les bas-fonds, que dans les profondeurs voisines[1].

Et comme d’ailleurs il est des cétacées qui remontent dans les fleuves[2], on voit que, même sans en excepter l’homme aidé de la puissance de ses arts, aucune famille vivante sur la terre n’a régné sur un domaine aussi étendu que celui des cétacées.

Et comme, d’un autre côté, on peut croire que les grands cétacées ont vécu plus de mille ans[3], disons que le temps leur appartient comme l’espace ; et ne

  1. Lettre de M. de Humboltz au citoyen Lalande, datée de Caraccas en Amérique, le 23 frimaire an 8.
  2. Voyez, dans cette Histoire, l’article des bélugas.
  3. Consultez l’article des baleines franches.