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des baleinoptères.

les séparent sont d’un beau rouge qui contraste, d’une manière très-vive et très-agréable à la vue, avec le noir de l’extrémité des fanons, et avec le blanc éclatant du dessous de la gueule, lorsque l’animal gonfle sa peau, que les plis s’effacent, et que les intervalles de ces plis se relèvent et paroissent. On a écrit que la jubarte tendoit cette peau, ordinairement lâche et plissée, dans les momens où, saisissant les animaux dont elle veut se nourrir, elle ouvre une large gueule, et avale une grande quantité d’eau, en même temps qu’elle engloutit ses victimes. Mais nous verrons, à l’article de la baleinoptère museau-pointu, quel organe particulier ont reçu les cétacées dont la peau du ventre, ainsi sillonnée, peut se prêter à une grande extension.

On a remarqué que la jubarte lançoit l’eau par ses évents avec moins de violence que les cétacées qu’elle égale en grandeur : elle ne paroît cependant leur céder ni en force ni en agilité, au moins relativement à ses dimensions. Vive et pétulante, gaie même et folâtre, elle aime à se jouer avec les flots. Impatiente, pour ainsi dire, de changer de place, elle disparoît souvent sous les ondes, et s’enfonce à des profondeurs d’autant plus considérables, qu’en plongeant elle baisse sa tête et relève sa caudale au point de se précipiter, en quelque sorte, dans une situation verticale. Si la mer est calme, elle flotte endormie sur la surface de l’océan ; mais bientôt elle se réveille, s’anime, se livre à toute sa vivacité, exécute avec une rapidité étonnante des