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des cétacées.

vîtesse ; et cependant ils sont dénués de pieds proprement dits, ils n’ont que des bras. Mais leur séjour a été fixé au milieu d’un fluide assez dense pour les soutenir par sa pesanteur, assez susceptible de résistance pour donner à leurs mouvemens des points d’appui pour ainsi dire solides, assez mobile pour s’ouvrir devant eux et n’opposer qu’un léger obstacle à leur course. Élevés dans le sein de l’atmosphère, comme le condor, ou placés sur la surface sèche de la terre, comme l’éléphant, ils n’auroient pu soutenir ou mouvoir leur énorme masse que par des forces trop supérieures à celles qui leur ont été accordées, pour qu’elles puissent être réunies dans un être vivant. Combien de vérités importantes ne peut donc pas éclairer ou découvrir la considération attentive des divers phénomènes qu’ils présentent !

De tous les animaux, aucun n’a reçu un aussi grand domaine : non seulement la surface des mers leur appartient, mais les abîmes de l’océan sont des provinces de leur empire. Si l’atmosphère a été départie à l’aigle, s’il peut s’élever dans les airs à des hauteurs égales aux profondeurs des mers dans lesquelles les cétacées se précipitent avec facilité, il ne parvient à ces régions éthérées qu’en luttant contre les vents impétueux, et contre les rigueurs d’un froid assez intense pour devenir bientôt mortel.

La température de l’océan est, au contraire, assez douce, et presque uniforme dans toutes les parties de