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des baleines.

du niveau de l’eau est alors au-dessus de la partie la plus haute de l’ouverture de la gueule ; que la queue, toutes les nageoires, l’œil, et les deux mâchoires, sont sous l’eau ; que le cétacée ne laisse voir que la sommité du dos et celle du crâne ; et qu’il ne tient dans l’atmosphère que ce qu’il ne pourroit enfoncer dans l’eau sans y plonger en même temps les orifices supérieurs de ses évents.

Cette rapidité dans la natation est d’autant plus utile au nordcaper, qu’il ne se nourrit pas uniquement, comme la baleine franche, de mollusques, de crabes, ou d’autres animaux privés de mouvement progressif, ou réduits à ne changer de place qu’avec plus ou moins de difficultés et de lenteur. Sa proie a reçu une grande vîtesse. Il préfère, en effet, les clupées, les scombres, les gades, et particulièrement les harengs, les maquereaux, les thons et les morues. Lorsqu’il en a atteint les troupes ou les bancs, il frappe l’eau avec sa queue, et la fait bouillonner si vivement, que les poissons qu’il veut dévorer, étourdis, saisis et comme paralysés, n’opposent à sa voracité, ni la fuite, ni l’agilité, ni la ruse. Il en peut avaler un si grand nombre, que Willughby compta une trentaine de gades dans l’intérieur d’un nordcaper ; que, suivant Martens, un autre nordcaper, pris auprès de Hitland, avoit dans son estomac plus d’une tonne de harengs ; et que, selon Horrebows, des pêcheurs islandois trouvèrent six cents gades morues encore palpitans, et une grande quantité de clupées sardines,