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vue générale

vivans qui peuplent la surface sèche du globe, ont disparu à nos yeux ; nous n’appercevons plus ni les rhinocéros, ni les hippopotames, ni les éléphans, ni les crocodiles, ni les serpens démesurés : mais, sur la surface de la mer, nous voyons encore des troupes nombreuses d’êtres animés en parcourir avec rapidité l’immense étendue, et se jouer avec les montagnes d’eau soulevées par les tempêtes. Ces êtres que de la hauteur où notre pensée nous a élevés, nous serions tentés de croire les seuls habitans de la terre, sont les cétacées. Leurs dimensions sont telles, qu’on peut saisir sans peine le rapport de leur longueur avec la plus grande des mesures terrestres. On peut croire que de vieilles baleines ont eu une longueur égale au cent-millième du quart d’un méridien.

Rapprochons-nous d’eux ; et avec quelle curiosité ne devons-nous pas chercher à les connoître ? Ils vivent, comme les poissons, au milieu des mers ; et cependant ils respirent comme les espèces terrestres. Ils habitent le froid élément de l’eau ; et leur sang est chaud, leur sensibilité très-vive, leur affection pour leurs semblables très-grande, leur attachement pour leurs petits très-ardent et très-courageux. Leurs femelles nourrissent du lait que fournissent leurs mamelles, les jeunes cétacées qu’elles ont portés dans leurs flancs, et qui viennent tout formés à la lumière, comme l’homme et tous les quadrupèdes.

Ils sont immenses, ils se meuvent avec une grande