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des baleines.

que pourroit emporter la moitié des vaisseaux baleiniers de Londres[1].

Cette multitude de baleines disparoîtra cependant dans l’hémisphère austral de même que dans le boréal. La plus grande des espèces s’éteindra comme tant d’autres. Découverte dans ses retraites les plus cachées, atteinte dans ses asyles les plus reculés, vaincue par la force irrésistible de l’intelligence humaine, elle disparoîtra de dessus le globe ; il ne restera pas même l’espérance de la retrouver dans quelque partie de la terre non encore visitée par des voyageurs civilisés, comme on peut avoir celle de découvrir dans les immenses solitudes du nouveau continent l’éléphant de l’Ohio et le mégathérium[2]. Quelle portion de l’océan n’aura pas été

  1. Voyage du capitaine Jacques Colnett, déjà cité.
  2. M. Jefferson, l’illustre président des États-Unis, m’écrit, dans une lettre du 24 février 1803, qu’ainsi que je l’avois prévu et annoncé dans le Discours d’ouverture de mon Cours de zoologie de l’an 9, il va faire faire un voyage pour reconnoître les sources du Missouri, et pour découvrir une rivière qui, prenant son origine très-près de ces sources, ait son embouchure dans le grand Océan boréal. « Ce voyage, dit M. Jefferson accroîtra nos connoissances sur la géographie de notre continent, en nous donnant de nouvelles lumières sur cette intéressante ligne de communication au travers de l’Amérique septentrionale, et nous procurera une vue générale de sa population, de son histoire naturelle, de ses productions, de son sol et de son climat. Il n’est pas improbable, ajoute ce respectable et savant premier magistrat, que ce voyage de découverte ne nous fasse avoir des informations ultérieures sur le mammoth (l’éléphant de l’Ohio) et sur le mégathérium dont vous parlez, page 6. Vous avez vraisemblablement vu dans nos Transactions philosophiques, qu’avant de connoître la notice que M. Cuvier a donnée de ce mégathérium, nous aviens trouvé ici des restes d’un énorme animal inconnu,