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remonteroit que lorsque la putréfaction des organes intérieurs l’auroit gonflé au point d’augmenter beaucoup son volume.

L’auteur de l’Histoire des pêches des Hollandois dans les mers du Nord fait observer avec soin que si l’on remorquoit la baleine franche par la tête, la gueule énorme de ce cétacée, qui est toujours ouverte après la mort de l’animal, parce que la mâchoire inférieure n’est plus maintenue contre celle d’en-haut, seroit comme une sorte de gouffre, qui agiroit sur un immense volume d’eau, et feroit éprouver aux rameurs une résistance souvent insurmontable.

Lorsqu’on a amarré le cadavre d’une baleine franche au navire, et que son volume n’est pas trop grand relativement aux dimensions du vaisseau, les chaloupes vont souvent à la recherche d’autres individus, avant qu’on ne s’occupe de dépecer la première baleine.

Mais enfin on prépare deux palans, l’un pour tourner le cétacée, et l’autre pour tenir sa gueule élevée au-dessus de l’eau, de manière qu’elle ne puisse pas se remplir. Les dépeceurs garnissent leurs bottes de crampons, afin de se tenir fermes ou de marcher en sûreté sur la baleine ; et les opérations du dépécement commencent.

Elles se font communément à bas-bord. Avant tout, on tourne un peu l’animal sur lui-même par le moyen d’un palan fixé par un bout au mât de misaine, et attaché par l’autre à la queue de la baleine. Cette manœuvre