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des baleines.

une seconde chaloupe force de rames vers la première, et attache successivement ses lignes à celles qu’emporte le cétacée.

Le secours se fait-il attendre ? les matelots de la chaloupe l’appellent à grands cris. Ils se servent de grands porte-voix ; ils font entendre leurs trompes ou cornets de détresse. Ils ont recours aux deux lignes qu’ils nomment lignes de réserve ; ils font deux tours de la dernière qui leur reste ; ils l’attachent au bord de leur nacelle ; ils se laissent remorquer par l’énorme animal ; ils relèvent de temps en temps la chaloupe qui s’enfonce presque jusqu’à fleur d’eau, en laissant couler peu à peu cette seconde ligne de réserve, leur dernière ressource ; et enfin, s’ils ne voient pas la corde extrêmement longue et violemment tendue se casser avec effort, ou le harpon se détacher de la baleine en déchirant les chairs du cétacée, ils sont forcés de couper eux-mêmes cette corde, et d’abandonner leur proie, le harpon et leurs lignes, pour éviter d’être précipités sous les glaces, ou engloutis dans les abîmes de l’océan.

Mais lorsque le service se fait avec exactitude, la seconde chaloupe arrive au moment convenable ; les autres la suivent, et se placent autour de la première, à la distance d’une portée de canon l’une de l’autre, pour veiller sur un plus grand champ. Un pavillon particulier nommé gaillardet, et élevé sur le vaisseau, indique ce que l’on reconnoît du haut des mâts, de la route du cétacée. La baleine, tourmentée par la dou-