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histoire naturelle

Albert rapporte que de son temps des pêcheurs, au lieu de jeter le harpon avec la main, le lançoient par le moyen d’une baliste ; et le savant Schneider fait observer que les Anglois, voulant atteindre la baleine à une distance bien supérieure à celle de dix mètres, ont renouvelé ce dernier moyen, en remplaçant la baliste par une arme à feu, et en substituant le harpon à la balle de cette arme, dans le canon de laquelle ils font entrer le manche de cet instrument[1]. Les Hollandois ont employé, comme les Anglois, une sorte de mousquet pour lancer le harpon avec moins de danger et avec plus de force et de facilité[2].

À l’instant où la baleine se sent blessée, elle s’échappe avec vîtesse. Sa fuite est si rapide, que si la corde, formée par toutes les lignes qu’elle entraîne, lui résistoit un instant, la chaloupe chavireroit et couleroit à fond : aussi a-t-on le plus grand soin d’empêcher que cette corde ou ligne générale ne s’accroche ; et de plus, on ne cesse de la mouiller, afin que son frottement contre le bord de la chaloupe ne l’enflamme pas et n’allume pas le bois.

Cependant l’équipage, resté à bord du vaisseau, observe de loin les manœuvres de la chaloupe. Lorsqu’il croit que la baleine s’est assez éloignée pour avoir obligé de filer la plus grande partie des cordages,

  1. Petri Artedi Synonymia piscium, etc. auctore J. C. Schneider, etc. pag. 163.
  2. Histoire des pêches des Hollandois dans les mers du Nord, traduction françoise du citoyen Dereste, tome I, p. 91.