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des baleines.

des glaces mouvantes. On ne hasarde une seconde attaque, que lorsque la baleine franche, harponnée et suivie, est entièrement épuisée et près d’expirer.

Mais dans quelque parage que l’on pêche, dès que le matelot guetteur, qui est placé dans un point élevé du bâtiment, d’où sa vue peut s’étendre au loin, apperçoit une baleine, il donne le signal convenu ; les chaloupes partent ; et à force de rames, on s’avance en silence vers l’endroit où on l’a vue. Le pêcheur le plus hardi et le plus vigoureux est debout sur l’avant de sa chaloupe, tenant le harpon de la main droite. Les Basques sont fameux par leur habileté à lancer cet instrument de mort.

Dans les premiers temps de la pêche de la baleine, ou approchoit le plus possible de cet animal, avant de lui donner le premier coup de harpon. Quelquefois même le harponneur ne l’attaquoit que lorsque la chaloupe étoit arrivée sur le dos de ce cétacée.

Mais le plus souvent, dès que la chaloupe est parvenue à dix mètres de la baleine franche, le harponneur jette avec force le harpon contre l’un des endroits les plus sensibles de l’animal, comme le dos, le dessous du ventre, les deux masses de chair mollasse qui sont à côté des évents. Le plus grand poids de l’instrument étant dans le fer triangulaire, de quelque manière qu’il soit lancé, sa pointe tombe et frappe la première. Une ligne de douze brasses ou environ est attachée à ce fer, et prolongée par d’autres cordages.