Page:Lacépède - Histoire naturelle des cétacées (1804).djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
histoire naturelle

mille ; et de grands glaçons, aux espaces glacés qui n’ont pas plus d’un demi-mille de diamètre.

On rencontre vers le Spitzberg de grands bancs de glace, qui ont quatre ou cinq myriamètres de circonférence. Comme les intervalles qui les séparent forment une sorte de port naturel, dans lequel la mer est presque toujours tranquille, les pêcheurs s’y établissent sans crainte ; mais ils redoutent de se placer entre les petits bancs qui n’ont que deux ou trois cents mètres de tour, et que la moindre agitation de l’océan peut rapprocher les uns des autres. Ils peuvent bien, avec des gaffes ou d’autres instrumens, détourner de petits glaçons. Ils ont aussi employé souvent avec succès, pour amortir le choc des glaçons plus étendus et plus rapides, le corps d’une baleine dépouillé de son lard, et placé sur le côté et en dehors du bâtiment. Mais que servent ces précautions ou d’autres semblables, contre ces masses durcies et mobiles qui ont plus de cinquante mètres d’élévation ? ce n’est que lorsque ces glaçons étendus et flottans sont très-éloignés l’un de l’autre, qu’on ose pêcher la baleine dans les vides qui les séparent. On cherche un banc qui ait au moins trois ou quatre brasses de profondeur au-dessous de la surface de l’eau, et qui soit assez fort par son volume, et assez stable par sa masse, pour retenir le navire qu’on y amarre.

Il est très-rare que l’équipage d’un seul navire puisse poursuivre en même temps deux baleines au milieu