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des baleines.

Il est sans doute des années et des parages où l’on ne peut que pendant l’été ou pendant l’automne, surprendre les baleines, ou se rencontrer avec leur passage ; mais on a souvent vu, dans le mois de germinal ou de floréal, un si grand nombre de baleines franches réunies entre le soixante-dix-septième et le soixante-dix-neuvième degrés de latitude nord, que l’eau lancée par leurs évents, et retombant en pluie plus ou moins divisée, représentoit de loin la fumée qui s’élève au-dessus d’une immense capitale.

Néanmoins les pêcheurs qui, par exemple, dans le détroit de Davis, ou vers le Spitzberg, pénètrent très-avant au milieu des glaces, doivent commencer leurs tentatives plus tard et les finir plutôt, pour ne pas s’exposer à des dégels imprévus ou à des gelées subites, dont les effets pourroient leur être funestes.

Au reste, les glaces des mers polaires se présentent aux pêcheurs de baleines dans quatre états différens.

Premièrement, ces glaces sont contiguës ; secondement, elles sont divisées en grandes plages immobiles ; troisièmement, elles consistent dans des bancs de glaçons accumulés ; quatrièmement enfin, ces bancs ou montagnes d’eau gelée sont mouvans, et les courans, ainsi que les vents, les entraînent.

Les pêcheurs hollandois ont donné le nom de champs de glace aux espaces glacés de plus de deux milles de diamètre ; de bancs de glace, aux espaces gelés dont le diamètre a moins de deux milles, mais plus d’un demi-