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histoire naturelle

ne goudronne pas, pour qu’elle conserve sa flexibilité, malgré le froid extrême que l’on éprouve dans les parages où l’on fait la pêche de la baleine.

La lance dont on se sert pour cette pêche, diffère du harpon, en ce que le fer n’a pas d’ailes ou oreilles qui empêchent qu’on ne la retire facilement du corps de la baleine, et qu’on n’en porte plusieurs coups de suite avec force et rapidité. Elle a souvent cinq mètres de long, et la longueur du fer est à peu près le tiers de la longueur totale de cet instrument.

Le printemps est la saison la plus favorable pour la pêche des baleines franches, aux degrés très-voisins du pôle. L’été l’est beaucoup moins. En effet, la chaleur du soleil, après le solstice, fondant la glace en différens endroits, produit des ouvertures très-larges dans les portions de plages congelées où la croûte étoit le moins épaisse. Les baleines quittent alors les bords des immenses bancs de glace, même lorsqu’elles ne sont pas poursuivies. Elles parcourent de très-grandes distances au-dessous de ces champs vastes et endurcis, parce qu’elles respirent facilement dans cette vaste retraite, en nageant d’ouverture en ouverture ; et les pêcheurs peuvent d’autant moins les suivre dans ces espaces ouverts, que les glaçons détachés qui y flottent briseroient ou arrêteroient les canots que l’on voudroit y faire voguer.

D’ailleurs, pendant le printemps les baleines trouvent, en avant des champs immobiles de glace, une nourriture abondante et convenable.