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histoire naturelle

près des côtes de la Corée, entre le Japon et la Chine, des baleines dont le dos étoit encore chargé de harpons lancés par des pêcheurs européens près des rivages du Spitzberg ou du Groenland[1].

Il est donc au moins une saison de l’année où la mer est assez dégagée de glaces pour livrer un passage qui conduise de l’Océan atlantique septentrional dans le grand Océan boréal, au travers de l’Océan glacial arctique.

Les baleines harponnées dans le nord de l’Europe, et retrouvées dans le nord de l’Asie, ont dû passer au nord de la nouvelle Zemble, s’approcher très-près du pôle, suivre presque un diamètre du cercle polaire, pénétrer dans le grand Océan par le détroit de Behring, traverser le bassin du même nom, voguer le long du Kamtschatka, des îles Kuriles, de l’île de Jéso, et parvenir jusque vers le trentième degré de latitude boréale, près de l’embouchure du fleuve qui baigne les murs de Nankin.

Elles ont dû, pendant ce long trajet, parcourir une ligne au moins de quatre-vingts degrés, ou de mille myriamètres : mais, d’après ce que nous avons déjà dit, il est possible que, pour ce grand voyage, elles n’aient eu besoin que de dix ou onze jours.

Et quel obstacle la température de l’air pourroit-elle opposer à la baleine franche ? Dans les zones

  1. Duhamel, Traité des pêches ; pêche de la baleine, etc.