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des baleines.

sa puissance. L’ours blanc ou plutôt l’ours maritime, ce vorace et redoutable animal que la faim rend si souvent plus terrible encore, quitte alors les bancs de glace ou les rives gelées sur lesquels il se tient en embuscade, se jette à la nage, arrive jusqu’à ce cétacée, ose l’attaquer. Mais, quoi qu’expirante, elle montre encore qu’elle est le plus grand des animaux : elle ranime ses forces défaillantes ; et peu d’instans même avant sa mort, un coup de sa queue immole l’ennemi trop audacieux qui a cru ne trouver en elle qu’une victime sans défense. Elle peut d’autant plus faire ce dernier effort, que ses muscles sont très-susceptibles d’une excitation soudaine. Ils conservent une grande irritabilité long-temps après la mort du cétacée : ils sont par conséquent très-propres à montrer les phénomènes électriques auxquels on a donné le nom de galvanisme ; et un physicien attentif ne manquera pas d’observer que la baleine franche non seulement vit au milieu des eaux comme la raie torpille, le gymnote engourdissant, le malaptérure électrique, etc. mais encore est imprégnée, comme ces poissons, d’une grande quantité de substance huileuse et idioélectrique.

Le cadavre de la baleine flotte sur la mer. L’ours maritime, les squales, les oiseaux de mer, se précipitent alors sur cette proie facile, la déchirent et la dévorent.

Mais cet ours maritime n’insulte ainsi, pour ainsi dire, aux derniers momens de la jeune baleine, que