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des baleines.

La jeune baleine, pour le repousser, enfonce sa tête dans l’eau, relève sa queue, l’agite et frappe des deux côtés. Si elle atteint son ennemi, elle l’accable, le tue, l’écrase d’un seul coup. Mais le squale se précipite en arrière, l’évite, bondit, tourne et retourne autour de son adversaire, change à chaque instant son attaque, saisit le moment le plus favorable, s’élance sur la baleine, enfonce dans son dos la lame longue, osseuse et dentelée, dont son museau est garni, la retire avec violence, blesse profondément le jeune cétacée, le déchire, le suit dans les profondeurs de l’océan, le force à remonter vers la surface de la mer, recommence un combat terrible, et, s’il ne peut lui donner la mort, expire en frémissant.

Les dauphins gladiateurs se réunissent, forment une grande troupe, s’avancent tous ensemble vers la baleine franche, l’attaquent de toutes parts, la mordent, la harcèlent, la fatiguent, la contraignent à ouvrir sa gueule, et, se jetant sur sa langue, dont on dit qu’ils sont très-avides, la mettant en pièces, et l’arrachant par lambeaux, causent des douleurs insupportables au cétacée vaincu par le nombre, et l’ensanglantent par des blessures mortelles.

Les énormes requins du Nord, que quelques navigateurs ont nommés ours de mer à cause de leur voracité, combattent la baleine sous l’eau : ils ne cherchent pas à se jeter sur sa langue ; mais ils parviennent à enfoncer dans son ventre les quintuples rangs de leurs