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des baleines.

d’attaques importunes, se débarrasser d’un concours fatigant, et faire cesser des douleurs trop prolongées.

Un insecte de la famille des crustacées, et auquel on a donné le nom de pou de baleine, tourmente beaucoup la baleine franche. Il s’attache si fortement à la peau de ce cétacée, qu’on la déchire plutôt que de l’en arracher. Il se cramponne particulièrement à la commissure des nageoires, aux lèvres, aux parties de la génération, aux endroits les plus sensibles, et où la baleine ne peut pas, en se frottant, se délivrer de cet ennemi dont les morsures sont très-douloureuses et très-vives, sur-tout pendant le temps des chaleurs.

D’autres insectes pullulent aussi sur son corps. Très-souvent l’épaisseur de ses tégumens la préserve de leur piqûre, et même du sentiment de leur présence ; mais, dans quelques circonstances, ils doivent l’agiter, comme la mouche du désert rend furieux le lion et la panthère, au moins, s’il est vrai, ainsi qu’on l’a écrit, qu’ils se multiplient quelquefois sur la langue de ce cétacée, la rongent et la dévorent, au point de la détruire presque en entier, et de donner la mort à la baleine.

Ces insectes et ces crustacées attirent fréquemment sur le dos de la baleine franche un grand nombre d’oiseaux de mer qui aiment à se nourrir de ces crustacées et de ces insectes, les cherchent sans crainte sur ce large dos, et débarrassent le cétacée de ces animaux incommodes, comme le pique-bœuf délivre les bœufs qui