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des baleines.

d’autres énormes cétacées[1], elle est aidée dans plusieurs circonstances de ses mouvemens, de ses voyages, de ses combats, par une nouvelle et grande cause d’agilité et de succès.

Mais quoi qu’il en soit, comment pourroit-on être étonné des effets terribles qu’une baleine franche peut produire, si l’on réfléchit au calcul suivant ?

Une baleine franche peut peser plus de cent cinquante mille kilogrammes. Sa masse est donc égale à celle de cent rhinocéros, ou de cent hippopotames, ou de cent éléphans ; elle est égale à celle de cent quinze millions de quelques uns des quadrupèdes qui appartiennent à la famille des rongeurs et au genre des musaraignes. Il faut multiplier les nombres qui représentent cette masse, par ceux qui désignent une vîtesse suffisante pour faire parcourir à la baleine onze mètres par seconde. Il est évident que voilà une mesure de la force de la baleine. Quel choc ce cétacée doit produire !

Un boulet de quarante-huit a sans doute une vîtesse cent fois plus grande ; mais comme sa masse est au moins six mille fois plus petite, sa force n’est que le soixantième de celle de la baleine. Le choc de ce cétacée est donc égal à celui de soixante boulets de quarante-huit. Quelle terrible batterie ! et cependant, lorsqu’elle agite une grande partie de sa masse, lorsqu’elle fait vibrer

  1. Voyez, dans l’article de la baleinoptère museau-pointu (baleine à bec), la description d’un réservoir d’air que l’on trouve au-dessous du cou de cette baleinoptère.