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histoire naturelle

elle ébranle, fracasse et anéantit ; ou plutôt toute la force du cétacée réside dans l’ensemble formé par sa queue et par la nageoire qui la termine. Ses bras, ou, si on l’aime mieux, ses nageoires pectorales, peuvent bien ajouter à la facilité avec laquelle la baleine change l’intensité ou la direction de ses mouvemens, repousse ses ennemis ou leur donne la mort ; mais, nous le répétons, elle a reçu ses rames proprement dites, son gouvernail, ses armes, sa lourde massue, lorsque la Nature a donné à sa queue et à la nageoire qui y est attachée, la figure, la disposition, le volume, la masse, la mobilité, la souplesse, la vigueur qu’elles montrent, et par le moyen desquelles elle a pu tant de fois briser ou renverser et submerger de grandes embarcations.

Ajoutons que la facilité avec laquelle la baleine franche agite non seulement ses deux bras, mais encore les deux lobes de sa caudale, indépendamment l’un de l’autre, est pour elle un moyen bien utile de varier ses mouvemens, de fléchir sa route, de changer sa position, et particulièrement de se coucher sur le côté, de se renverser sur le dos, et de tourner à volonté sur l’axe que l’on peut supposer dans le sens de sa plus grande longueur.

S’il est vrai que la baleine franche a au-dessous de la gorge un vaste réservoir qu’elle gonfle en y introduisant de l’air de l’atmosphère, et qui ressemble plus ou moins à celui que nous ferons reconnoître dans