Page:Lacépède - Histoire naturelle des cétacées (1804).djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
histoire naturelle

particulière doivent développer un volume si énorme, et conserver pendant tant de siècles le souffle qui l’anime, et les ressorts qui le font mouvoir ?

Quelques auteurs ont pensé que la baleine franche se nourrissoit de poissons, et particulièrement de gades, de scombres et de clupées ; ils ont même indiqué les espèces de ces osseux qu’elle préféroit : mais il paroît qu’ils ont attribué à la baleine franche ce qui appartient au nordcaper et à quelques autres baleines. La franche n’a vraisemblablement pour alimens que des crabes et des mollusques, tels que des actinies et des clios. Ces animaux, dont elle fait sa proie, sont bien petits ; mais leur nombre compense le peu de substance que présente chacun de ces mollusques ou insectes, ils sont si multipliés dans les mers fréquentées par la baleine franche, que ce cétacée n’a souvent qu’à ouvrir la gueule pour en prendre plusieurs milliers à la fois. Elle les aspire, pour ainsi dire, avec l’eau de la mer qui les entraîne, et qu’elle rejette ensuite par ses évents ; et comme cette eau salée est quelquefois chargée de vase, et charrie des algues et des débris de ces plantes marines, il ne seroit pas surprenant qu’on eût trouvé dans l’estomac de quelques baleines franches, des sédimens de limon et des fragmens de végétaux marins, quoique l’aliment qui convient au cétacée dont nous écrivons l’histoire, ne soit composé que de substances véritablement animales.

Une nouvelle preuve du besoin qu’ont les baleines