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des baleines.

elle s’approche de la surface de la mer, se retourne à demi, nage ou flotte sur un côté, et, par de légères mais fréquentes oscillations, se place tantôt au-dessous, tantôt au-dessus de son baleineau, de manière que l’un et l’autre puissent alternativement rejeter par leurs évents l’eau salée trop abondante dans leur gueule, et recevoir le nouvel air atmosphérique nécessaire à leur respiration.

Le lait ressemble beaucoup à celui de la vache, mais contient plus de crème et de substance nutritive.

Le baleineau tette au moins pendant un an ; les Anglois l’appellent alors shortead. Il est très-gros, et peut donner environ cinquante tonneaux de graisse. Au bout de deux ans, il reçoit le nom de stant, paroît, dit-on, comme hébété, et ne fournit qu’une trentaine de tonneaux de substance huileuse. On le nomme ensuite sculfish, et l’on ne connoît plus son âge que par la longueur des barbes ou extrémités de fanons qui bordent ses mâchoires.

Ce baleineau est, pendant le temps qui suit immédiatement sa naissance, l’objet d’une grande tendresse, et d’une sollicitude qu’aucun obstacle ne lasse, qu’aucun danger n’intimide. La mère le soigne même quelquefois pendant trois ou quatre ans, suivant l’assertion des premiers navigateurs qui sont allés à la pêche de la baleine, et suivant l’opinion d’Albert, ainsi que de quelques autres écrivains qui sont venus après lui. Elle ne le perd pas un instant de vue. S’il