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histoire naturelle

pas besoin que nous fassions remarquer la ressemblance qu’il y a entre cette situation et celle dans laquelle nagent les tortues franches lorsqu’elles sont accouplées. On ne doit pas cependant retrouver la même analogie dans la durée de l’accouplement. Nous ignorons pendant quel temps se prolonge celui des baleines franches ; mais, d’après les rapports qui les lient aux autres mammifères, nous devons le croire très-court, au lieu de le supposer très-long, comme celui des tortues marines.

Il n’en est pas de même de la durée de l’attachement du mâle pour sa femelle. On leur a attribué une grande constance ; et on a cru reconnoître pendant plusieurs années le même mâle assidu auprès de la même femelle, partager son repos et ses jeux, la suivre avec fidélité dans ses voyages, la défendre avec courage, et ne l’abandonner qu’à la mort.

On dit que la mère porte son fœtus pendant dix mois ou environ ; que pendant la gestation elle est plus grasse qu’auparavant, sur-tout lorsqu’elle approche du temps où elle doit mettre bas.

Quoi qu’il en soit, elle ne donne ordinairement le jour qu’à un baleineau à la fois, et jamais la même portée n’en a renfermé plus de deux. Le baleineau a presque toujours plus de sept ou huit mètres en venant à la lumière. Les pêcheurs du Groenland, qui ont eu tant d’occasions d’examiner les habitudes de la baleine franche, ont exposé la manière dont la baleine mère allaite son baleineau. Lorsqu’elle veut lui donner à téter,