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autres martyrs ; et à la place des anciennes pompes et de leurs obscénités de tout genre, nous célébrons des réjouissances modestes, sans ivresse, sans rires et plaisanteries bruyantes, mais avec des cantiques religieux, des discours pieux, et des prières mêlées de larmes[1].

V

Bien significatif aussi est l’accent de rancune avec lequel un historien païen comme Zosime, ancien comes et advocatus fisci, qui rédige en Orient dans la seconde moitié du ve siècle sa Νέα ἱστορία — fort succincte pour les siècles d’Auguste à Dioclétien, sensiblement plus développée pour le ive siècle et le début du ve (jusqu’en 410) — évoque les épisodes marquants des luttes religieuses de cette dernière période. Il est extrêmement dur pour Constantin ; il le considère comme « ayant donné le branle à l’impiété[2] ». Julien est pour lui le héros incomparable, dont nul prosateur, nul poète ne saurait raconter dignement les hauts faits[3]. Il écrit à propos du conflit entre saint Jean Chrysostome et l’impératrice Eudoxie :

La ville de Constantinople était pleine de tumulte [au lendemain du départ de Jean] et l’Église chrétienne se voyait menacée par ceux qu’on appelle les moines. Ceux-ci renoncent au mariage légal ; ils forment dans les villes et les bourgs des groupes fort denses de célibataires qui ne sont bons ni à la guerre ni à aucun emploi utile à l’État. Mais, par une action ininterrompue, ils se sont approprié une bonne partie de la terre, et, sous couleur de tout donner aux pauvres, ils font de tous des pauvres[4].

  1. Ibid., viii, 69 : trad. Delehaye, dans les Origines du Culte des Martyrs, Bruxelles, 2e éd., 1933, p. 413.
  2. Historia nova, ii, 29.
  3. iii, 2.
  4. Historia nova, V, xxiii, 3 (Corp. Script. Hist. Byzant., t. 30, éd. Bekker, p. 278 ; cf. éd. Mendelsohn, p. 244).