consistait à rapprocher Apulée d’Apollonius pour les opposer l’un et l’autre à Jésus, était encore courant à l’époque de saint Augustin[1]. Celui-ci écrit dans sa lettre 138, § 18 : « Qui ne rirait de voir nos contradicteurs païens comparer, ou même préférer au Christ Apollonius, Apulée et d’autres habiles magiciens ? Il est d’ailleurs plus supportable qu’ils lui comparent de tels hommes que leurs dieux ; car, il faut l’avouer, Apollonius valait mieux que ce personnage chargé d’adultères qu’ils appellent Jupiter. »
Augustin, comme on voit, ménage plutôt Apollonius. Le ton de saint Jérôme, notons-le ici, n’est pas très différent. Il connaît Philostrate, il attribue à son héros (« … sive ille magus, ut vulgus loquitur, sive philosophus, ut Pythagorici tradunt ») un louable souci de s’instruire, de se perfectionner moralement[2]. Mais il n’admet pas pour autant qu’on compare à Jésus disparaissant aux yeux de ses disciples Apollonius s’éclipsant pendant que Domitien l’interroge :
Qu’on n’aille pas assimiler la puissance du Seigneur aux prestiges des mages. Autrement on croirait qu’il fut ce qu’il ne fut pas ; on s’imaginerait qu’il a mangé sans dents, qu’il a marché sans pieds, qu’il a rompu le pain sans mains, qu’il a parlé sans langue et qu’il a montré un flanc qui n’avait point de côtes[3].
Il flaire le piège du « docétisme » et il le signale de loin.
En Orient le côté « sorcier » d’Apollonius n’était pas oublié. L’auteur des Questions et Réponses aux Ortho-