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perdus qu’il s’en prend. Pour lui, le christianisme, il le dit très nettement, est une « erreur », par laquelle les chrétiens sont « abusés[1] » : et c’est une erreur dangereuse, en ce sens que, par leur mépris des dieux, les chrétiens deviennent la cause indirecte des maux de l’Empire[2].

Aussi lui paraît-il impossible de ne pas s’opposer au progrès d’une religion aussi manifestement nuisible. Et il loue hautement Julien pour avoir essayé, par les moyens que sa situation et son talent lui fournissaient, de guérir ses sujets de leur ignorance et de leur aveuglement[3], « en dispersant les ténèbres qui les empêchaient de tendre les mains vers le Soleil[4] ».

XXII

Il est intéressant de comparer à la haine active, passionnée de Julien et de son fidèle Libanius, l’attitude toute prudente d’un historien qui fut son compagnon d’armes en 363, lors de l’expédition contre les Perses, et resta fidèlement attaché à son souvenir.

Ammien-Marcellin était païen. À l’entendre si souvent parler du Numen (Numen magnum, superum, divinum, etc.), on pourrait le croire monothéiste. En réalité, il se sert du jargon religieux, coutumier chez beaucoup de païens lettrés de ce temps. Il croit à l’astrologie, à la divination, à la vertu des sacrifices, encore qu’il reproche à son cher empereur d’avoir fait de ceux-ci un véritable abus[5].

  1. πεπλανημένος (12, 69).
  2. 2, 58 (Förster, I, 257, l. 15 et s.).
  3. 18, 123.
  4. Or. 4, 3.
  5. XXV, 4, 17.