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Malheureux que vous êtes, on conserve chez nous le bouclier tombé du ciel que nous envoya le grand Zeus, ou Mars, père (des Romains), comme un gage effectif et non purement verbal destiné à défendre à jamais notre ville : vous ne voulez plus l’adorer ni le respecter, mais vous adorez le bois de la croix, vous en tracez l’image sur vos fronts et le gravez sur les façades de vos maisons[1] !

Il y a bien d’autres témoignages de la sollicitude de Zeus à l’égard des hommes. Comme c’est un fait que le pneuma divin, l’inspiration d’en haut, se raréfie chez les divers peuples, Zeus, qui aime les hommes, qui est un père pour eux, leur a donné l’observation des Arts sacrés, comme un secours dans leurs diverses nécessités. Mais son plus grand bienfait (qui est aussi celui du Soleil), c’est d’avoir engendré Asclépios, lequel est apparu visiblement sous forme humaine à Épidaure et est allé à Pergame, en Ionie, à Tarente, à Rome, à Cos, à Æges, pour le salut physique et moral de tous !

Julien va examiner maintenant de quelle nature et de quelle solidité sont les liens qui unissent le christianisme au judaïsme.

Le sentiment de Julien à l’égard des Juifs est assez complexe. Ce qu’il appréciait chez eux, c’était — outre l’exactitude de leurs observances rituelles — la fidélité qu’ils gardaient à leurs traditions nationales, pour absurdes qu’elles fussent parfois, à les considérer en elles-mêmes[2]. Le conservatisme de Julien trouvait son meilleur appui dans sa théorie des dieux « ethnarques[3] ». Les mœurs de chaque peuple se sont constituées à l’image du dieu pré-

  1. P. 196, 7 et s.
  2. P. 197, l. 15 et s.
  3. C’était aussi l’idée de Celse (ap. Origène, Contra Celsum, V, 26).