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« l’homme de main des partis[1] », qui coopéra aussi à sa formation religieuse.

Cette formation fut très minutieuse et strictement conforme à toutes les pratiques prescrites par l’Église : jeûnes, aumônes, assistance aux offices. Prétendre qu’il ait été alors aussi ardemment chrétien qu’il fut plus tard passionnément païen[2] me paraît une affirmation fort hasardée.

Il sut observer certains traits frappants, par exemple les séductions du culte, la puissance de l’armature ecclésiastique, la popularité que valait à l’Église son souci des déshérités et des infirmes. Mais rien ne dénote chez Julien adolescent une foi bien solide, rien ne prouve qu’il ait jamais touché au fond de l’esprit chrétien[3].

IV

Cela d’autant plus que, de bonne heure, la pensée hellénique, au sens le plus large du mot, s’installa dans la partie vivante et active de son âme. Homère lui fut un enchantement : il avait été initié à son œuvre par le grammairien Nikoklès de Sparte, le seul païen qui ait compté parmi ses maîtres, et Mardonius avait eu le souci de lui faire goûter les beautés de la poésie grecque. On le pro-

  1. Voir Schemmel, Die Schalzeit des Kaisers Julian, dans le Philologus, t. 82 (1926-7), p. 454 et s.
  2. Ibid., p. 454. Le passage de l’Oratio IV (p. 131 A) et celui de la Lettre aux Alexandrins (Bidez, p. 191, l. 3) ne prouvent pas grand chose au point de vue de ses sentiments d’autrefois.
  3. Ammien-Marcellin, qui l’avait bien connu, affirme que dès son enfance (a rudimentis pueritiae primis), il avait un penchant pour le culte des dieux (inclinatior erat erga numinum cultum), XXI, v, 1.