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impliquent à leur sujet un doute inadmissible : « Si quelque chose subsiste après l’heure suprême, dit Ausone, s’adressant à son défunt collègue Minervius[1], tu vis encore, avec le souvenir de ton existence close désormais ; si rien ne demeure, et que de l’éternel repos tout sentiment soit exclu, tu as vécu pour toi ; et nous, nous nous réjouissons de ta gloire. » — Quant à Claudien, auteur de moins en moins contesté du Carmen Paschale de Salvatore[2], il prend sa revanche sur un détracteur de ses vers le dux Jacob, en lui adressant une pièce ironique, qui implique que ce pieux général se fiait plus que de raison à l’intervention des saints, au lieu de s’aider lui-même.

Par les cendres de Paul, par le seuil (de l’Église) de Pierre à la blanche chevelure, général Jacob, ne déchirez pas mes vers ! Et qu’en échange Thomas vous serve de bouclier pour protéger votre poitrine ; que Barthélemy vous accompagne à la guerre ; que l’appui des saints ferme les Alpes à l’invasion barbare ; que sainte Suzanne vous communique sa force ; que soit submergé tout ennemi farouche qui franchira les glaces de l’Ister, comme le furent les coursiers rapides du Pharaon ; qu’un glaive vengeur frappe les hordes gétiques ; et que l’heureuse Thécla protège les troupes romaines[3] !

Le milieu des lettrés et des professeurs a peut-être été le plus imperméable de tous aux profondes influences chrétiennes.


  1. Éd. Peiper, p. 50.
  2. Éd. Birt, Carmina Minora, no 32.
  3. Carmina minora, 50 (éd. Birt).