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allaient à l’empereur Julien, qu’il magnifiait de son mieux. Photius, qui lisait l’ouvrage au complet, en connaissait deux rédactions, l’une où, dit-il[1] « Eunape avait inséré beaucoup de blasphèmes contre notre sainte religion et exalté la superstition grecque ; il y adressait nombre de critiques aux pieux empereurs » ; l’autre où « il avait laissé tomber beaucoup des attaques précédemment articulées contre notre foi, tout en laissant divers indices de son inimitié à notre égard. » Était-ce vraiment Eunape qui avait opéré cette revision lui-même ? Quand on connaît la solidité de ses rancunes, il est permis d’en douter.

Dans ses Vies de Philosophes et de Sophistes, rédigées au début du ve siècle, et que nous possédons au complet, Eunape fournit vingt-trois notices de longueur fort inégale sur les principaux représentants de l’école néo-platonicienne au ive siècle. Il commence toutefois par Plotin (mort en 270) et Porphyre (dont nous perdons la trace vers 300), ancêtres de cette belle lignée. À partir d’Ædesius et de Maxime d’Éphèse, quatrième et cinquième de la liste, il a connu personnellement ou par ouï-dire la plupart de ceux dont il parle, rhéteurs, philosophes, médecins, tous païens convaincus et dévots fervents du passé hellénique, à l’exception du chrétien Prohaeresius.

Certes l’opuscule est bien médiocre : « Des commérages confus, une crédulité superstitieuse poussée jusqu’à l’absurde, un jargon de rhétorique insipide, des hyperboles puériles, des partis pris évidents, des digressions incessantes : véritable collection des défauts de l’esprit du temps,

  1. Biblioth. (Patrol. gr., 103, 245).