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avec une efficacité telle qu’en dehors de Méthodius d’Olympe, d’Eusèbe de Césarée et d’Apollinaire de Laodicée, auteurs des trois réfutations susdites, il n’est nullement démontré qu’aucun des auteurs chrétiens du ive et du ve siècle qui ont parlé de Porphyre, y compris saint Jérôme, ait puisé directement ce qu’ils en disent ou ce qu’ils en citent dans le Κατὰ χριστιανῶν.

XIII

Il ne faudrait d’ailleurs pas croire que la pensée catholique soit restée imperméable aux objections que Porphyre avait soulevées et que les réfutations mêmes qui leur étaient opposées faisaient connaître. Il suffit de s’être familiarisé avec la littérature des Quaestiones (en grec ζητήματα ou ἐρωτήσεις), qui se développe à partir du ive siècle dans les milieux catholiques cultivés, pour s’apercevoir de l’ardeur passionnée avec laquelle les plus difficiles problèmes y étaient discutés. Il en est un sur lequel Porphyre avait particulièrement insisté, qui paraît avoir retenu d’une façon pressante l’attention des controversistes : c’est celui que posaient les apparentes contradictions des Évangiles. L’historien Eusèbe de Césarée l’avait déjà étudié, à propos de l’enfance du Christ et des récits de sa résurrection, dans un grand ouvrage dont un extrait important subsiste[1]. Saint Jean Chrysostome y touche plus d’une fois, vers 390, dans ses Homélies sur saint Matthieu[2]. La lettre 120

  1. Patrol. gr., 22, 879-1006. Fragments syriaques publiés par Baumstark, dans l’Oriens Christianus, I (1901), p. 378-382.
  2. Patrol. gr., t. LVII et LVIII.