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Il s’empare de la promesse du Christ : « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru :… ils prendront les serpents, et s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera aucun mal[1]. » Et il en tire ceci : « À ce prix, ceux qui sont choisis pour la prêtrise (τοὺς ἐκκρίτους τῆς ἱερωσύνης), et spécialement ceux qui briguent la dignité épiscopale ou la présidence (προεδρίας) devraient accepter de se laisser désigner par une coupe de poison : celui qui n’en recevrait aucun dommage serait préféré aux autres. Et celui qui se déroberait à l’épreuve décèlerait ainsi qu’il ne croit pas aux paroles de Jésus[2]. » Il bouffonne de même sur la foi qui est censée « déplacer les montagnes ». « Celui qui est incapable de déplacer une montagne ne mérite donc pas d’être compté dans la phratrie des fidèles. Et pas un seul des évêques et des prêtres n’est digne non plus du nom de croyant[3]. »

Il sait le rôle que les femmes jouent dans les églises, leur activité audacieuse et brouillonne, le « sénat » qu’elles osent y former et où se décident parfois les nominations sacerdotales[4]. Il se moque de celles qui tirent gloire de leur virginité, comme si c’était chose bien importante que la virginité, et qui, pour cela même se disent remplies de l’Esprit-saint, à l’instar de la mère de Jésus[5]. Les femmes sont une proie facile, et les apôtres savaient l’art de leur soutirer de l’argent[6]. Il en connaît, et de noble naissance, qui, de son temps même, se sont laissé endoctriner par les

  1. Matth., XVI, 15.
  2. Fragm. no 96.
  3. Fragm. no 95.
  4. Fragm. no 97.
  5. Fragm. no 33.
  6. Fragm. no 4.