Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« saisi avec une rare pénétration le sens véritable de certains passages » ; il trouve que les réponses de saint Jérôme « ne sont pas toujours heureuses », que « quelques-unes manquent de justesse et d’exactitude » et que « le savant docteur a parfois donné tort à Porphyre, là même où ce dernier avait raison[1] ».

VIII

Le sentiment personnel de Porphyre à l’égard du Christ, dans son grand ouvrage, a donné lieu, en ces derniers temps, à des interprétations si bénignes et « hypocoristiques[2] » qu’il importe, avant d’essayer une mise au point, de nous mettre directement en face des textes où il parle de Jésus.

D’une façon générale, l’attitude du Christ, dans plus d’un épisode de sa biographie, lui paraît étrange, inconcevable et tout à fait contradictoire à l’idée qu’on peut se former d’une âme divine, ou même d’une âme héroïque.

Par exemple, dans la scène de la tentation, le démon lui dit : « Jette-toi du haut du temple. » Et le Christ se contente de lui répondre : « Tu ne dois pas tenter Dieu, ton Seigneur[3]. »

Il me semble bien, reprend Porphyre[4], que s’il parle ainsi, c’est qu’il redoute le danger de la chute. Si, comme vous le dites, il a fait quantité d’autres miracles et ressuscitait les morts d’une seule parole, il

  1. F. Vigouroux, les Livres saints et la critique rationaliste, t. I (1886), p. 180.
  2. Voir plus haut, p. 233.
  3. Matth., IV, 6-7.
  4. Fragm. no 48.