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Il s’aidait donc, dans l’examen du christianisme et de ses titres historiques, d’une intelligence très armée, où des éléments excellents s’associaient à des éléments de qualité suspecte, mais qui était parfaitement experte aux compulsations minutieuses et aux chicanes érudites.

V

C’est en Sicile, après 268, entre trente-cinq et quarante ans, que Porphyre se mit à l’œuvre. Il avait souffert à Rome, pour des causes que nous ignorons, d’une pénible crise de neurasthénie. Il avait même songé au suicide, et il lui avait fallu d’énergiques exhortations de Plotin pour qu’il y renonçât[1]. Celui-ci lui conseilla de voyager, de changer de cadre. Porphyre choisit Lilybée, où il savait qu’il retrouverait le célèbre philosophe Probus, et il y resta plusieurs années.

Le Κατὰ χριστιανῶν, que Harnack appelle « l’œuvre la plus étendue et la plus savante qui ait été composée durant l’antiquité contre le christianisme », prit la forme d’un ample traité en quinze livres.

L’ouvrage est perdu.

Une dizaine d’années après l’Édit de Milan, Constantin le proscrivit une première fois. Nous n’avons pas le texte même de son édit. Mais l’empereur y fait allusion dans la lettre qu’il écrivit « aux évêques et au peuple » après la condamnation d’Arius par le concile de Nicée[2] : « Arius,

  1. Voy. Cumont, Comment Plotin détourna Porphyre du suicide, dans la Revue des Études grecques, t. XXXII (volume du Cinquantenaire, 1921), p. 113 et suiv.
  2. Socrate, Hist. eccl., I, 9 (Patrol. gr., 67, 88) ; Gélase, Hist. eccl., II,