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ouvrages, la Philosophie des Oracles et les Images des Dieux, quelques années avant de connaître Plotin. Il fut présenté à celui-ci vers 263, à Rome même. Il avait alors trente ans, et Plotin en avait lui-même cinquante-neuf.

Plotin allait élargir les perspectives de sa pensée et lui ouvrir le monde infini des problèmes de la métaphysique et de la vie intérieure. Mais si nouveau que fût pour Porphyre cet enseignement vivifiant, il était déjà préparé par ses recherches et ses tendances acquises à s’associer aux efforts de son maître pour restaurer et moderniser l’antique sagesse des Hellènes. Ne s’était-il pas déjà essayé lui-même à tirer des cultes populaires une symbolique propre à en rehausser le prestige ?

Il apportait à Rome les dispositions les moins bienveillantes à l’égard du christianisme. Et ce n’était pas Plotin qui pouvait se sentir d’humeur à les réformer, puisque sa philosophie se faisait pratiquement solidaire des religions païennes, contrebattues par l’efficace propagande chrétienne.

En dépit de l’hostilité officielle (qui avait ses langueurs et ses lassitudes), les églises chrétiennes vivaient, prospéraient, recrutaient d’innombrables adeptes, communiquaient entre elles et constituaient une littérature d’une richesse surprenante[1]. Nulle part ce progrès n’était alors aussi sensible qu’à Rome, « siège social de l’Évangile[2] ». Porphyre et son maître devaient en être d’autant plus attristés que l’effort généreux des penseurs ne réussissait guère à rendre aux cultes officiels leur antique vitalité[3].

  1. Voy. Batiffol, La Paix constantinienne, p. 125 et suiv. ; Harnack, Mission und Ausbr. des Christentums, I², p. 417.
  2. L. Duchesne, Hist. anc. de l’Église, I, 537.
  3. Geffcken estime, d’après les données épigraphiques, que la décadence de