Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reconnaître un affranchi de Tibère, originaire de Samarie, dont parle Josèphe, dans ses Antiquités juives[1]. Mais 1o le texte de Josèphe ne porte pas Θάλλος, il porte ἄλλος, et c’est par conjecture que certains éditeurs accueillent la leçon Θάλλος ; 2o même si cette leçon était la bonne, il resterait à démontrer que cet affranchi doit être identifié avec le chronographe brièvement nommé par Jules l’Africain, par Eusèbe[2] et par Tertullien[3]. Les réserves expresses du dernier compilateur des Fragments d’historiens grecs paraissent donc tout à fait justifiées[4].

Quoi qu’il en soit, deux passages de la réfutation de Celse par Origène prouvent que, déjà, Celse avait appesanti son attention sur les versets de saint Luc.

Au chapitre xxxiii du livre II, Origène répond à une question dédaigneuse de Celse qui avait demandé « Qu’est-ce que Jésus a fait de prestigieux, comme un Dieu ? N’a-t-il pas méprisé les hommes ? Ne s’est-il moqué d’eux ? Ne s’est-il fait un jeu de ce qui lui arrivait ? »

Pour imposer silence à Celse, remarque Origène, il n’est que de puiser dans les Évangiles :

Ceux-ci racontent que « la terre trembla, que les rochers se fendirent et que les sépulcres s’ouvrirent » ; que « le voile du temple se déchira de haut en bas » ; que « le soleil s’obscurcit et qu’en plein jour les ténèbres envahirent la terre ». — Celse n’ajoutera-t-il foi aux Évangiles que là où il pense pouvoir en tirer quelque attaque contre Jésus et le christianisme, en leur refusant toute créance, là où ils établissent la divinité du Christ ?

  1. XVIII, 167.
  2. Chron. (armén.), p. 125, 22 ; Karst.
  3. Apolog., 19, 5-6.
  4. Jacoby, Fragm. der griech. Historiker, Kommentar., IVe livr. (1930), p. 835