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Platon, si forte que soit sa complaisance, il formule çà et là d’expresses réserves[1]. Mais qu’elles doivent lui coûter ! Il a peine à tempérer dans la forme l’adhésion chaleureuse que lui imposent les vues de Platon sur le Dieu ineffable et immuable, sur la vraie nature du Souverain Bien, sur la matière primitive, sur le dédain que la volupté mérite, etc. Malgré lui, son admiration éclate[2]. Il est bien obligé de s’apercevoir qu’il pense d’après Platon, exactement comme Celse lui-même, dès qu’il veut définir la dualité de l’âme et du corps, la chute de l’âme dans l’élément corporel, qui est pour elle une prison, et son aspiration à s’en émanciper. Il n’est pas jusqu’à l’image platonicienne des ailes de l’âme, tour à tour perdues et renaissantes, qu’il n’utilise à l’occasion[3].

Certes, Origène a de la sympathie pour le stoïcisme[4]. Il lui emprunte des expressions techniques[5], quelquefois des idées. Il reconnaît l’influence étendue et bienfaisante d’Épictète[6], l’exactitude ordinaire de Chrysippe[7]. Mais la place qu’il fait à la doctrine stoïcienne n’est pas comparable à celle qu’il accorde au platonisme. Les idées stoïciennes sur l’essence corporelle de Dieu[8] et sur le monde nouveau qui doit sortir d’une conflagration universelle[9] le

  1. Par exemple, sur le sacrifice offert par Platon à Artémis (Rép., I, 1, p. 327 A) : cf. Contra Celsum, V, 43 ; VI, 4, 17 ; VII, 66 ; VIII, 34 ; sur le rayonnement relativement faible de son action, qui ne s’exerce guère en dehors des cercles lettrés, VI, 2 ; sur son impuissance à acheminer les hommes au bien véritable, VI, 5, etc.
  2. Par exemple, VII, 42 (Koetschau, t. II, p. 193, l. 4).
  3. VI, 43-44 ; IV, 40 (cf. Phèdre, § 25, p. 246 BC).
  4. IV, 45, 54, 63, 74-75 ; VI, 48 ; VII, 15.
  5. Par exemple, καθῆκον, κατόρθωμα, προκόπτω, σπουδαῖος, φαῦλος, etc.
  6. VI, 2.
  7. V, 57 ; cf. VIII, 51.
  8. I, 21 ; III, 75 ; IV, 14.
  9. IV, 68.