Une des raisons qu’allègue Celse de mépriser le christianisme, c’est que les multitudes y affluent[3] : il est demeuré l’homme des groupes clos et des étroites chapelles. Mais il faut qu’il en prenne son parti. La doctrine de Jésus est désormais bien mieux connue dans l’univers que les systèmes des philosophes[4]. Et ce n’est pas seulement les illettrés qu’elle attire, comme Celse voudrait le faire croire. Des riches, des hommes haut placés, des femmes délicates et de noble naissance l’ont embrassée : c’est au point que le métier d’apôtre est devenu, au moins dans les milieux chrétiens, un métier qui expose presque au soupçon de vaine gloire, tant est flatteur l’accueil que tout apôtre y reçoit. Aussi voit-on des propagandistes refuser même les choses indispensables au soutien de la vie.
Dans cette prodigieuse fortune, Origène reconnaît avant
- ↑ I, 27 ; cf. I, 3.
- ↑ IV, 32.
- ↑ III, 73.
- ↑ I, 7. Ces affirmations trouvent leur limite et leur contrôle dans les réserves qu’Origène indique ailleurs, là où il explique que, si le Jugement n’est pas encore venu, c’est que la conquête de l’univers par le christianisme n’est pas achevée. Ainsi, dans son Commentaire sur Saint Matthieu, § 39, il spécifie que chez les Éthiopiens, les Sères, dans la contrée indienne d’Ariaca, chez les Bretons, les Germains, les Daces, les Sarmates, les Scythes « plurimi nondum audierunt Evangelii verbum ».