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rapports de la production bourgeoise et de la bourgeoisie elle-même.

Vous êtes saisi d’horreur parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais dans votre société la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres. C’est précisément parce qu’elle n’existe pas pour ces neuf dixièmes qu’elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une forme de la propriété qui ne peut se constituer qu’à la condition de priver l’immense majorité de la société de toute propriété.

En un mot, vous nous accusez de vouloir abolir votre propriété à vous. À la vérité, c’est bien là notre intention.

Dès que le travail ne peut plus être converti en capital, en argent, en propriété foncière, bref, en pouvoir social, capable d’être monopolisé, c’est-à-dire dès que la propriété individuelle ne peut plus se transformer en société bourgeoise, vous déclarez que l’individualité est supprimée.

Vous avouez donc que lorsque vous parlez de l’individu, vous n’entendez parler que du bourgeois. Et cet individu-là, sans contredit, doit être supprimé.

Le communisme n’enlève à personne le pouvoir de s’approprier sa part des produits sociaux, il n’ôte que le pouvoir d’assujettir, à l’aide de cette appropriation, le travail d’autrui.

On a objecté encore qu’avec l’abolition de la