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succession fatale des événements, phases nécessaires d’un procès que la volonté humaine ne saurait enrayer, même culte de la Force, sombre dieu d’airain, instrument aveugle des lois du grand fatum destinées à s’accomplir quand même ». Il y aurait bien des réserves à faire sur l’idée que l’auteur français se fait de la philosophie de Hégel ; mais une lecture superficielle du Capital suffit pour montrer que Marx n’avait jamais pensé à cette apocalypse évolutionniste, qu’on lui attribue si généreusement.

Le déterminisme suppose que les changements sont reliés entre eux d’une manière automatique, que les phénomènes simultanés forment un bloc ayant une structure obligée, qu’il y a des lois d’airain assurant entre toutes choses une nécessité d’ordre. On ne trouve rien de semblable dans la doctrine de Marx : les événements sont considérés d’un point de vue empirique ; c’est de leur mélange que jaillit la loi historique qui définit leur mode temporaire de génération. On ne demande point de reconnaître dans le monde social un système analogue au système astronomique ; on demande seulement de reconnaître que