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rôle initiateur de la France[1], qu’ils ont la superstition de la phraséologie révolutionnaire et qu’ils pratiquent avec dévotion le culte des grands hommes. Ils ne peuvent pardonner à Marx, à Engels et surtout à M. Lafargue d’avoir manqué de respect pour ce qu’ils vénèrent.

Je ne suis pas du nombre de ceux qui ont beaucoup d’admiration pour le génie français, ainsi entendu ; j’ai lieu de croire, d’ailleurs, que cet esprit français n’est pas celui de mes compatriotes qui se livrent à des recherches scientifiques et qui n’éprouvent pas le besoin de se poser en directeurs spirituels du peuple.

Le grand reproche que l’on adresse, — au point de vue scientifique, — à la doctrine de Marx est de mener au fatalisme. D’après M. Rouanet, elle serait très voisine de l’idéalisme hégélien, débarrassé de son « transcendentalisme nuageux »[2]. On y trouve « même

  1. Un seul pays me semble avoir le droit de revendiquer une place exceptionnelle dans notre civilisation moderne : c’est l’Italie, patrie commune des esprits libres et cultivés.
  2. Revue socialiste, mai 1887, p.400.