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jamais s’élever sur une scène plus grande et plus digne de lui. Il faut au professeur, comme à tous les hommes, un horizon toujours infini, si l’on ne veut pas qu’il tombe dans l’abattement, le dégoût ou l’inertie. Et pour l’État, quoi de plus malcalculé que de s’en remettre au hasard d’un concours pour la nomination d’un professeur à Paris, quand il a dans la province des maîtres éprouvés dans des enseignements spéciaux ? Il est puéril de demander, comme le fait la Faculté, que des hommes, blanchis dans le professorat, redescendent dans l’arène pour se commettre avec des novices, et acceptent pour juges des gens qui ont été peut-être leurs disciples, et qu’en aucun cas ils ne peuvent accepter pour leurs supérieurs. Que dirait-on d’un système qui constituerait les conseillers de la Cour royale de Paris arbitres de l’avancement des autres conseillers du royaume ? Est-ce le traitement ou le titre qui fuit la différence ? et si c’est le titre, en quoi le professeur de Rennes ou de Strasbourg peut-il se reconnaître l’inférieur du professeur de Paris ?

Il est encore une question du plus haut intérêt que soulève le ministre, et sur laquelle nous aurions voulu appeler l’attention, si la longueur de ce travail l’eût permis ; c’est la création de Facultés d’administration. Cette question est, du reste familière aux lecteurs de la Revue, et ce recueil a contribué puissamment à préparer la solution de ce grand problème. Le ministre demande si l’on doit consacrer aux études administratives une Faculté spéciale, ou simplement en faire une annexe de l’enseignement du droit. Nous engageons la Commission à lire

attentivement le travail publié dans la Revue par M. de Mohl, professeur à la Faculté d’administration de Tubingue[1] elle y verra comment un homme vieilli dans l’enseignement administratif envisage cette question vitale. Si ces études ne font pas l’objet d’une Faculté distincte ; si, comme l’a judicieusement remarqué M.Vivien, dans son beau travail sur les fonctionnaires

  1. Octobre 1844, t. xxi de la collection, p.158 et suiv.