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frent aucunement de ce travail modéré. — Avec le nombre légal d’examens, cela n’est pas possible, dit la Faculté. — J’admets pleinement cette objection mais si elle est fondée, c’est-à-dire si, dans l’organisation reçue, il est impossible d’agrandir l’enseignement et d’exiger des jeunes gens des études plus sérieuses, comment ne voit-on pas que cette organisation est jugée ? Si elle ne se prête pas aux progrès qu’a faits la science, si elle est un obstacle à sa diffusion, pourquoi maintiendrait-on un système coûteux et stérile ? Qu’est-ce que l’examen ? un moyen de constater les connaissances de l’étudiant, et rien de plus ; si ce moyen de contrôle vient à gêner le développement de la science, s’entêtera-t-on à le conserver ? Ou dira-t-on qu’il n’y a pas d’autre système possible, quand à nos portes, une organisation différente, reçue dans vingt-une Universités, donne les résultats les plus satisfaisants ? À Paris, avec un budget de 270, 000 francs et vingt-cinq professeurs, on obtient dix-huit cours sur onze sujets différents, et soixante heures de leçons par semaine. À Berlin grâce à un régime meilleur, et avec une dépense qui n’atteint pas cent mille francs, quinze professeurs donnent facilement dans l’année soixante-dix cours sur dix-huit matières différentes, et cent soixante heures de leçons par semaine[1] À Paris, l’étudiant ne peut rester deux heures par jour l’École ; à Berlin, il y passe facilement quatre et cinq heures. Voilà, certes, un encombrement qui dépasse de bien loin toutes les prévisions du rapport ! Voilà ce qui est à priori infiniment moins possible que de rendre deux nouveaux cours obligatoires ; voilà cependant ce qui existe en Allemagne, dans des Facultés de trois, quatre, ou cinq cents étudiants ; voilà ce qui peut facilement se réaliser chez nous au grand profit de la science, des élèves et des professeurs, sans grever le budget, et sans même amener ces créations de chaires nouvelles devant lesquelles tremble la Faculté, dans sa vive sollicitude pour qu’on ne surcharge point les étudiants.

  1. Voy. infra, p.31 et 55.